Le franc CFA est souvent présenté comme la monnaie commune de 14 pays d’Afrique. En fait, il est plus judicieux de parler de deux monnaies distinctes, ayant en commun l’abréviation (franc CFA) et, jusqu’à aujourd’hui, la parité vis-à vis de l’euro.
En effet, les deux monnaies sont émises par deux Banques Centrales, la BCEAO et la BEAC, parfaitement indépendantes l’une de l’autre. Les deux monnaies ont deux codes ISO différents, XOF pour la monnaie émise par la BCEAO (Banque Centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest) et XAF pour la monnaie émise par la BEAC (Banque des Etats de l’Afrique Centrale).
Elles ne sont plus convertibles entre elles depuis 1993. Les billets sont différents. Même l’abréviation commune, franc CFA, cache deux appellations distinctes, Franc de la Communauté Financière d'Afrique (pour le franc CFA BCEAO) et Franc de la Coopération Financière en Afrique centrale (pour le franc CFA BEAC).
Ces deux francs CFA ont pris la suite d’un franc CFA unique, qui était une devise coloniale française créé à la suite de la seconde guerre mondiale. Ce premier franc CFA était lui-même apparu après une longue gestation de l’émission monétaire dans les colonies françaises d’Afrique.
Les colonies françaises d’Afrique ont fait partie de ce qu’on a appelé le deuxième empire colonial français, le premier étant essentiellement tourné vers les Amériques et l’Asie (à l’exception du Sénégal côtier, principalement Saint Louis du Sénégal et Gorée, où la présence française est ancienne).
L’essor réel des colonies françaises d’Afrique, pour la partie subsaharienne, s’est fait essentiellement entre 1870 et 1920.
Durant ces décennies, l’ensemble de l’Afrique, qui était à 80% indépendante, passe sous domination des puissances coloniales européennes, à quelques exceptions.
L’Angleterre et la France seront les deux grands acteurs de ce partage de l’Afrique, côté colonisateurs. Le Portugal, l’Allemagne, l’Italie et la Belgique y participeront, mais de façon moins importante.
Ce partage, qui répond à des motivations économiques (crise de la grande dépression en Europe) et également psychologiques (la rivalité franco-anglaise reportée en Afrique), est facilité par le progrès technique qui rend les conquêtes plus faciles.
Les colonies françaises d’Afrique subsaharienne ont principalement été regroupées dans deux ensembles principaux : l’Afrique Occidentale Française et l’Afrique Equatoriale Française.
La fédération d’Afrique occidentale française (AOF) est créée en 1895, regroupant les colonies du Soudan (Mali), du Sénégal, de la Guinée et de la Côte d’Ivoire. En 1904, l’AOF est rejointe par le Dahomey puis par le Niger, la Mauritanie et la Haute-Volta (faisant jusque là partie du Soudan).
Sa superficie atteignait 4 689 000 kilomètres carrés, soit environ sept fois celle de la France. Son chef-lieu était Saint-Louis (Sénégal) jusqu'à 1902, puis Dakar (Sénégal).
Le Togo, passé en partie sous mandat français en 1919, ne faisait pas partie de l’AOF.
L'Afrique-Équatoriale française (AEF) est créée en 1910. Constituée en plusieurs étapes et s'étendant du désert du Sahara au fleuve Congo et de l'océan Atlantique aux monts du Darfour, elle réunit à terme le Gabon, le Moyen-Congo (dont une partie correspond au Gabon, une autre à l'actuelle République du Congo), le Tchad et l'Oubangui-Chari (devenu la République centrafricaine).
Sa superficie atteignait 2 500 000 kilomètres carrés, soit environ quatre fois celle de la France. Son chef-lieu était Brazzaville (République du Congo), résidence du gouverneur général.
Le Cameroun, placé en partie sous mandat français après la première guerre mondiale, ne faisait pas partie de l’AEF.
Les autres colonies ou protectorat français d’Afrique subsaharienne n’ont pas été intégrées dans ces ensembles :
• Côte Française des somalis (aussi connue comme Territoire français des Afars et des Issas), ancienne colonie à l’emplacement de l’actuel Djibouti.
• Protectorat Français de Madagascar
• Ile de France (Maurice)
• Mayotte et La Réunion (aujourd’hui département français d’outre-mer)
• Les Seychelles
• Le Territoire des Comores, aujourd’hui l’Union des Comores
Sur le plan monétaire, la Banque du Sénégal est créée en 1853 par Napoléon III. Elle reçoit pour 20 ans le privilège d’émettre de la monnaie, privilège renouvelé en 1874 et 1894. C’est une banque coloniale, à capitaux privés. Les actionnaires sont essentiellement des maisons de commerce bordelaises, la maison Maurel détenant 73% des parts.
A partir de 1894, le privilège d’émission de la monnaie de la Banque du Sénégal est renouvelé d’année en année.
Le privilège d’émission consiste dans la faculté, pour chaque colonie dans la banque est implantée, d’émettre des billets au porteur, remboursables à vu au siège de la banque, qui seront reçus comme monnaie légale, dans chaque colonie, par les établissements publics, privés et les particuliers.
Les banques coloniales, dont la Banque du Sénégal, émettent donc des francs, la même monnaie que dans la métropole, mais les billets n’ont de valeur que dans les colonies où les banques coloniales ont reçu le privilège d’émission par délégation de l’Etat français.
L’extension du domaine colonial africain de la France nécessite une banque plus solide et ambitieuse. En 1901, la Banque du Sénégal devient la Banque de l’Afrique Occidentale (BAO). Entrent au capital la banque française Comptoir National d’Escompte de Paris (à l’origine de la BNP Banque Nationale de Paris) et des maisons de commerce marseillaises.
Le privilège d’émission est confié pour 20 ans à la BAO, qui commence une politique de développement régional rapide, avec des succursales en Côte d’Ivoire, au Dahomey et en Guinée
De 1921 à 1929, le privilège d’émission de la BAO sera renouvelé successivement, pour des périodes de plus en plus courtes, par 20 décrets successifs. Puis en 1929, le privilège est renouvelé pour 20 ans, et élargi à l’Afrique Equatoriale, le Cameroun et le Togo.
La seconde guerre mondiale est la période charnière qui mènera à la création du Franc CFA en 1945.
Après la défaite de l’armée française, puis l’appel du 18 juin 1940, le Général de Gaulle se retrouve isolé et sans ressources à Londres.
L’Angleterre va lui fournir un soutien financier, dès juin 1940, puis une assistance technique pour créer l’institution monétaire nécessaire au financement des activités de la France Libre.
Dès fin août 1940, le Tchad, l’Oubangui Chari (Centrafrique), le Congo et le Cameroun passent à la France Libre. C’est l’Afrique Française Libre. L’Afrique Française Libre émet ses propres Francs, jusqu’à la création de la CCFL.
Le 2 décembre 1941, le Comité national français, gouvernement de la France libre, crée par ordonnance la Caisse Centrale de la France Libre (CCFL). Ses rôles principaux sont l’émission monétaire, le Trésor public et le contrôle des changes du gouvernement du général de Gaulle en exil à Londres et des territoires ultra-marins ralliés au CFLN. Elle est alors chargée « d'émettre des billets au porteur et des monnaies métalliques ayant force libératoire dans les territoires désignés ».
Elle émet le franc en Afrique-Équatoriale française, au Cameroun, à Saint-Pierre-et-Miquelon, en Polynésie française et en Nouvelle-Calédonie, puis, après leur ralliement, en Martinique, en Guadeloupe, à la Réunion, à Djibouti, à Madagascar, en Afrique-Occidentale française, etc.
Le privilège d’émission de la BAO est supprimé pour l’Afrique Equatoriale Française et le Cameroun, l’Afrique Occidentale Française étant restée fidèle au gouvernement de Vichy. Les billets de la BAO sont démonétisés et saisis en AEF en 1942.
En 1943, à la suite du passage de l’Afrique du Nord française à la France Libre, la CCFL est transférée à Alger.
Le 2 février 1944, elle change de nom et devient la Caisse centrale de la France d'outre-mer (CCFOM). Comme son nom l’indique, elle n’a plus la responsabilité de l’ensemble de la politique monétaire de la France Libre, le trésor central étant assuré par la Trésorerie générale d’Alger.
La création du franc CFA sous le nom de franc des Colonies Françaises d'Afrique en décembre 1945 se fait à la ratification des accords de Bretton Woods par le Parlement français et en même temps que la dévaluation du franc français, consécutive à la forte inflation qui a sévie en France métropolitaine depuis 1940.
Comme les prix, avec des différences régionales, ont en général été plus stables dans les colonies françaises, l’idée s’impose qu’il convient de pratiquer des dévaluations différenciées. La zone franc est divisée en trois zones, celle du franc métropolitain, celle du franc CFA et celle du franc CFP (Comptoirs Français du Pacifique).
En France métropolitaine, en Afrique du Nord et aux Antilles, la parité est définie à 1 dollar pour 119,10 francs français.
Dans les colonies du Pacifique, il faut 50 francs pour 1 dollar. Le franc CFP est né.
En Afrique subsaharienne (et à Saint-Pierre-et-Miquelon, en Amérique du Nord), on crée le franc CFA. La parité de cette monnaie est fixée à un taux intermédiaire de 85 francs CFA pour un dollar.
Ainsi, lors de sa création, le franc CFA vaut 1,70 francs français. Cette parité est maintenue jusqu'en 1948 où une dévaluation du franc français ramène la parité à 1 franc CFA pour 2 franc français. Par la suite, cette parité sera conservée jusqu'en 1994 ; hormis le fait que la réforme du nouveau franc en France en 1960 ramènera mécaniquement la parité à 100 francs CFA pour 2 francs français.
A noter que dès 1949, Djibouti (Côte Française des Somalis), compte tenu de sa situation locale, quitte la zone CFA pour faire usage du franc de Djibouti aligné sur le dollar.
La zone franc CFA regroupe l’AOF et le Togo, l’AEF et le Cameroun, la Côte Française des Somalis, Madagascar et la Réunion, ainsi que Saint-Pierre-et-Miquelon.
L’émission de francs CFA est de la responsabilité de la BAO pour l’AOF et le Togo, de la CCFOM pour l’AEF, le Cameroun, la Réunion et Saint-Pierre-et-Miquelon et de la Banque de Madagascar pour Madagascar.
L’Etat français prend des participations dans la BOA et la Banque de Madagascar, qui étaient des banques à capitaux privés.
En 1955, création de l’Institut d’émission de l’AOF et du Togo et de l’Institut d’émission de l’AEF et du Cameroun, qui sont de fait des banques centrales qui se substituent respectivement à la BAO et à la CCFOM et sont liées directement au Trésor Français chacune par un compte d’opérations.
Parallèlement, l’Etat vend ses participations dans la BOA et la Banque de Madagascar.
En 1958, le franc CFA devient « franc de la communauté française d'Afrique » avec la création de la Communauté Française par la Constitution de la 5ème République.
Cette appellation aura une courte vie, avec le choix fait par les colonies françaises d’Afrique d’accéder à l’indépendance en 1960 (1958 pour la Guinée Conakry).
Dans le cadre de l’accession à l’indépendance des anciennes colonies, ces instituts d’émission sont transformés par décret du gouvernement français en avril 1959. Ils deviennent respectivement la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), et la Banque Centrale des Etats de l’Afrique équatoriale et du Cameroun (BCEAC, transformée ensuite en BEAC, Banque des Etats de l’Afrique Centrale).
Les deux institutions sont à l’origine des établissements publics français gérés de façon collégiale. L’africanisation des deux banques se fera de façon progressive. Aujourd’hui ce sont des établissements publics internationaux.
Les pays membres de la BCEAO sont à l’origine la Côte d'Ivoire, le Dahomey (Bénin), la Haute Volta (Burkina Faso), la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, la République Soudanaise (Mali) et le Togo.
La Mauritanie quittera par la suite la BCEAO, ainsi que la République Soudanaise devenue le Mali, qui la réintégrera plus tard.
Le Cameroun, la République Centrafricaine, le Congo, le Gabon et le Tchad sont les pays membres dès l’origine de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique Equatoriale et du Cameroun (BCEAC), rejoints plus tard par la Guinée Equatoriale.
Chacune des deux banques centrales a ouvert un compte d'opérations auprès du Trésor français.
Les deux banques centrales s’insèrent dans un cadre de coopération régionale développé depuis l’indépendance.
En Afrique de l’Ouest, l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA) est une zone monétaire regroupant huit pays d'Afrique de l'Ouest : le Bénin (ex- Dahomey), le Burkina Faso (Haute-Volta), la Côte d'Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. Elle est créée en 1962.
La Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) est l'institution monétaire de l'UMOA. La monnaie émise par la BCEAO est le franc CFA.
En 1994, l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) remplace l’UMOA. La BCEAO garde son rôle pour la politique monétaire de l’UEMOA.
En Afrique Centrale, l’Union Douanière Equatoriale (UDE) est créée en 1959. Le Cameroun adhère en 1961. En 1964, l’UDE devient l’Union Douanière et Economique de l’Afrique Centrale (UDEAC). La Guinée Equatoriale adhère en 1983.
En 1994, l’UDEAC devient la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC).
La Banque des États de l'Afrique centrale (BEAC) définit et conduit la politique monétaire de la CEMAC.
Le 2 août 1993 entre en vigueur la mesure de suspension de rachat des billets de banque CFA par le Trésor Français. Auparavant, et ce jusqu’au 1er août 1993, la convertibilité des billets était libre et illimitée.
Pour les particuliers, africains ou non, une conséquence immédiate est qu’il est désormais impossible de changer des francs CFA en francs (puis euros) ou des francs (euros) en francs CFA au guichet de la Banque de France.
Parallèlement, les bureaux de change français, n’ayant plus de contrepartie pour assurer la liquidité du marché des billets de francs CFA, se sont massivement retirés de ce marché de l’achat et la vente de francs CFA.
Une mesure similaire de suspension de rachat des billets CFA entre la zone UMOA et la zone UDEAC est prise à compter de septembre 1993 : les billets de l’Afrique Centrale ne sont plus utilisables en Afrique de l’Ouest et réciproquement.
Le 12 janvier 1994, c’est la dévaluation du FCFA. La nouvelle parité du franc CFA est fixée à 1 FCFA = 0,01 FF.
Lors du passage à la monnaie unique dans la zone euro, le 1er janvier 1999, 1 euro vaut 655,957 franc CFA. C’est la parité fixe actuelle du franc CFA vis-à-vis de l’euro.
Ce taux de conversion du franc CFA est un cours officiel. Il ne correspond pas, pour les particuliers souhaitant convertir des francs CFA en euros ou des euros en francs CFA, à un taux de change effectif. Il faut en effet tenir compte des coûts de fonctionnement des intermédiaires financiers (banques ou bureaux de change) et des spécificités locales de chaque marché.
Comme pour toutes les devises, tous les convertisseurs en ligne, qui vous proposent de convertir vos francs CFA, vous donnent un taux de conversion du franc CFA, correspondant à la parité officielle. Ce n’est pas un cours de change du franc CFA, les convertisseurs type xe.com ne proposent pas de change de francs CFA.
Si vous souhaitez changer vos francs CFA en euros (vente de francs CFA) ou vos euros en francs CFA (achat de francs CFA), contactez nous au 01 72 82 83 20 à Paris, nous vous proposerons le meilleur taux de change pour votre conversion de francs CFA.